La technique du 351 351 est méconnue, et pourtant elle ne date pas d’hier. Elle est née dans les années 1885 en même temps que le domaine de recherche sur la mémoire.
Savez-vous qu’entre une personne qui oublie tout le temps où elle a posé ses clés et un champion de la mémoire capable de retenir un paquet de cartes en moins de 60 secondes, les capacités de mémoire sont quasiment les mêmes ? La différence entre les deux, c’est la strategie mentale utilisée.
Quand les gens me contactent, 8 fois sur 10, c’est parce qu’ils ont du mal à retenir les caractères.
D’une leçon à une autre, ils ont oublié la moitié des caractères, alors on commence à se poser des questions si on est vraiment capable d’apprendre cette langue. Pas de panique !
C’est normal, la plupart des cours vous disent QUOI apprendre mais pas COMMENT apprendre.
Il y a des outils pour ça, il suffit de bien les appliquer. Aujourd’hui, on va voir comment utiliser la technique du 351 351 pour améliorer la rétention de vos caractères chinois.
Le rapport avec la courbe de l’oubli
Lors de ses expériences sur la mémoire, Hermann Ebbinghaus a découvert que les gens n’oublient pas de façon linéaire.
En effet, au début on retient 100% de ce qu’on apprend. Puis ce que nous gardons en mémoire diminue petit à petit.
Au bout d’une heure, on garde 44% des informations.
Au bout d’un jour, 33% et au bout d’un mois, on peut encore retenir 21%.
On remarque que plus le temps s’écoule et plus la vitesse d’oubli diminue. Bien sûr, suivant le type d’information, notre relation à l’information, notre santé parmi d’autres facteurs vont avoir un impact sur notre mémoire, mais globalement le principe de l’oubli suit ce schéma.
Donc si vous voulez tout garder en mémoire, comment faire ?
Pour Ebbinghaus, il y a une manière, très simple et très connue. C’est tellement simple que vous risquez d’être piégé par cette façade que vous pensez déjà maîtriser, mais justement le diable est dans les détails et ce sont les détails qui font toute la différence. Donc, lisez bien jusqu’à la fin pour ne pas rester sur une idée reçue.
Donc, pour garder vos informations en mémoire, une solution c’est la « révision à temps spécifique ».
En fait, comme nous l’avons dit, au début on oublie rapidement ce qu’on a appris et après le peu qui nous reste en mémoire met plus de temps à s’effacer. Le principe ici c’est de couper la courbe de l’oubli en ajoutant au milieu une révision. Mais comment réviser et à quel moment en particulier, c’est justement ce qu’on va découvrir avec la technique du 351.
Heures et jours
Il ne faut pas attendre d’avoir entièrement oublié l’information que vous avez apprise pour réviser. Il doit vous rester au moins 30%.
C’est là qu’intervient la technique du 351 351 ou 351-351模式 en chinois.
Qu’est-ce que ça signifie ?
Quand vous avez appris des sinogrammes pour la première fois, 3 heures après, vous devez effectuer une première révision.
Suivant cette première révision, 5 heures plus tard, vous allez effectuer votre deuxième révision.
Puis, 10 heures plus tard, vous allez effectuer votre 3ème révision. C’est la première partie du 351 pour 3 heures, 5 heures et 10 heures.
Ensuite, vous allez réviser une nouvelle fois dans 3 jours. Une cinquième révision 5 jours plus tard, et une sixième révision 10 jours plus tard. C’est la deuxième partie du 351 pour 3 jours, 5 jours et 10 jours.
La technique du 351, Pourquoi ça marche ?
Quand nous apprenons quelque chose, l’information est stockée dans la mémoire à court terme.
La mémoire à court terme garde les informations pendant une durée relativement courte, allant de quelques secondes à quelques minutes.
Dans notre cerveau, il y a un organe qui va ensuite juger si cette information peut être oubliée ou si elle doit être conservée plus longtemps, il s’agit de l’hippocampe.
Si quelque information est considérée comme utile ou pouvant aider à la survie, alors l’hippocampe jugera qu’il faut la conserver.
Par exemple, plus jeune, j’ai posé ma main sur le rebord d’une table et un élève d’une table à côté a poussé la table d’à côté contre la mienne et ma main s’est retrouvée coincée entre les deux. La douleur a laissé un souvenir en moi qui fait que chaque fois que je pose mes mains sur une table, j’évite systématiquement le rebord. L’information est utile pour ne pas me blesser, c’est en lien avec ma survie. Alors que le vocabulaire et les règles de grammaire, pour ma survie, ça ne m’aide pas dans l’immédiat, c’est donc vite oublié.
En faisant des révisions stratégiques, en réalité c’est comme si on dupait l’hippocampe.
En effet, en révisant, celui-ci interprète que si cette information revient souvent, c’est qu’elle doit être utile, il faut donc la conserver.
L’erreur à ne pas commettre
Il y a une phrase qui dit « les petits ruisseaux font les grandes rivières ». La technique du 351 – 351 est à ajouter à votre routine, mais elle ne doit pas se substituer au travail spécifique de mémorisation des caractères, comme par exemple utiliser les radicaux kangxi (康熙部首). Ou encore de connaître les traits et autres aspects importants de l’écriture ou de la calligraphie chinoise. Car rappelez-vous : « à langue spécifique, méthode spécifique », on n’apprend pas le chinois ou le japonais comme on apprend l’espagnol ou le croate (si on veut bien le parler et pas juste se faire à peu près comprendre… )
Essayez cette technique et partagez dans les commentaires comment elle a fonctionné pour vous.
Cet article a été écrit par rapport à une question qu’un internaute m’a envoyée en privé. Vous pouvez faire de même, que ce soit en privé ou dans les commentaires de n’importe quel article de ce blog, je réponds à tout le monde.