Pour ceux qui comptent se rendre en Chine pour travailler ou étudier le mandarin en immersion, il y a 3 pièges culturels fatals à éviter pour continuer à progresser en chinois. Si vous ne partez pas en Chine mais que vous travaillez dans un environnement chinois, ce sont les mêmes risques.
On pense toujours que ça n’arrive qu’aux autres, pourtant même en connaissant le danger à l’avance, 9 personnes sur 10 vont tomber dedans.
Pour éviter de se rendre compte à la fin de ses études ou au bout de 5 ans de travail sur place, qu’on en est toujours au même point qu’au départ, prenez garde à ne pas sous-estimer les éléments qui vont suivre.
Pour éviter de perdre l’argent et de se voir régresser en mandarin, cela nécessite quelques explications et une mise en contexte :
Plantons le décor :
Quand on arrive en chine, on est un peu dans le brouillard.
On ne connaît personne
On a du mal à communiquer ;
Tous nos points de repère sont absents ;
Et on a l’impression que le chinois qu’on nous parle ne ressemble pas à celui qu’on a appris…
Bref, l’aventure commence !
Passé le dépaysement, on sent qu’on va devoir redoubler d’efforts pour arriver à s’en sortir avec la langue.
Il va falloir être patient car ça n’arrive pas tout de suite.
Comptez minimum 4 mois de cours intensif pour sentir une vraie différence dans votre capacité à saisir et comprendre ce qu’on vous dit.
Pendant ce processus d’acquisition de la langue, certaines personnes traversent, ce qu’on appelle en linguistique, une phase de silence.
C’est-à-dire que pendant un moment, certains apprenant arrêtent de parler en chinois pour de multiples raisons :
– ils s’imprègnent de la langue, ils sont dans une phase d’observation
– Les personnes sont trop gênées pour parler
– Leurs niveaux ne leur permettent pas de communiquer
– La personne n’a pas assez d’assurance pour s’exprimer
Tout le monde ne traverse pas cette phase mais elle peut arriver. C’est une phase naturelle, donc pas d’inquiétude.
À noter que cette phase ne dure pas longtemps et qu’arrêter de parler, ne signifie pas arrêter de communiquer.
Cependant, qu’on rentre dans cette phase ou pas, notre vie est affectée par ce changement d’environnement.
En effet, quand on passe d’un environnement où tous les jours on peut dire ce qu’on a envie, exprimer notre personnalité, argumenter sur nos idées ou faire un peu d’humour, et que du jour au lendemain, les gens autour de nous ne comprennent pas ce qu’on dit, ou nous-mêmes ne les comprenons pas… la vie sociale n’est plus la même.
Heureusement, merci mère nature, après quelques mois, l’oreille s’est formée progressivement et commence à mieux percevoir les sons du chinois.
La compréhension devient meilleure et on peut mieux interagir avec les gens.
Petit à petit on s’intègre dans cette nouvelle société.
À force d’être entouré d’amis natifs, naturellement on a envie de communiquer, de s’affirmer et de partager.
Puis le moment arrive où on prend suffisamment confiance en soi pour vouloir s’exprimer.
Dès que vous allez faire vos premières tentatives, vos amis chinois ou toute autre personne native autour de vous, vont vous dire : “vous avez un bon chinois !”“qu’est-ce que vous parlez bien” “wow, vous parlez chinois”…
Si vous êtes déjà allés en Chine, je pense que cette expérience vous semble familière.
Suite à ça, on se sent comme pousser des ailes et on va avoir plus de courage pour multiplier les interactions. Le fait de pouvoir se débrouiller et de développer une certaine autonomie donne l’impression que notre niveau monte en flèche et qu’on est maintenant presque bilingue.
Ce genre de situation a ses avantages mais aussi de gros inconvénients lorsqu’ils sont interprétés sous le prisme d’une culture occidentale.
La notion d’harmonie
Tout d’abord, ce n’est pas parce que quelqu’un est arrivé à « décoder » ce que qu’on a dit, que cela signifie qu’on s’exprime correctement.
Cela veut juste dire qu’on est arrivé à faire passer une information.
Cette information on aurait peut-être pu la faire passer seulement en bougeant les bras et en mimant quelque chose.
Mais est-ce que ça signifie qu’on parle bien ? Rien n’est moins sûr.
Il faut bien comprendre qu’en Asie, la culture et formé sur un concept qui est celui de l’harmonie.
Pour dire ça plus simplement, la vérité n’est pas la priorité. On privilégie les rapports entre les gens.
On s’arrange pour que ces rapports se passent bien, donc qu’ils soient harmonieux.
C’est un principe millénaire, et il a été raffiné au fil du temps.
Il fait partie de tous les aspects de la vie quotidienne.
Pour vous donner un exemple, dans certains cours destinés aux élèves étrangers, lorsque le professeur interrogeait un élève et que celui-ci donnait une réponse qui était complètement à côté de la plaque, jamais le professeur n’allait dire que c’est faux !
Il allait toujours dire que la réponse “X” de l’élève est pas mal, mais que la réponse “F” serait encore mieux….
Est-ce que vous imaginez quelqu’un vous dire que 5+5 est égal à 8, et vous, lui répondre : « c’est exact, mais 10 serait plus précis » !!!???
J’ai même entendu dire que dans certains cas des professeurs rehaussaient des moyennes pour que les élèves éprouvent moins de frustration.
Maintenant il faut bien comprendre que la chine c’est un grand territoire et que différentes ethnies vivent dessus.
Ces concepts généraux subiront des variations avec les particularités régionales.
Aussi il ne faut pas tomber dans les clichés et penser que c’est partout et tout le temps comme ça, mais plutôt voir une tendance.
Il faut surtout comprendre le concept derrière l’acte, et les gens plus ou moins adroit pour bien l’appliquer.
Le concept d’harmonie est très important et s’abstenir de faire perdre la face à quelqu’un ou d’éviter la confrontation, permet de conserver l’harmonie.
Un privilège ?
D’ailleurs on est en droit de se demander si ce n’est pas une attitude qui serait réservé uniquement envers les hôtes étrangers. Car après avoir fait un petit sondage auprès de mes amis, toutes générations confondues, certains m’ont avoué qu’à l’école dans certains cas, les professeurs ont été beaucoup moins tendres.
Mme Jiang (50 ans + ) m’a raconté que durant sa scolarité, il arrivait souvent que les enseignants étaient très directs avec les élèves.
L’anecdote qu’on m’a contée était que dans une classe un élève s’était trompé et le professeur avait tout de suite fait le commentaire suivant : “tu es tellement bête ! C’est une chose tellement simple et tu ne le sais même pas !”
Dans un autre genre, quand je souhaitais faire du commerce aux détails sur les plateformes en ligne chinoise, on m’a dit que j’aurai certains avantages et privilèges.
Quand j’ai demandé quels seraient ces avantages, on m’a répondu qu’en tant qu’étranger qui s’occupe du service client, le fait que je ne sois pas local mais que je parle chinois, cela encouragerait sans doute les clients à être plus indulgents et polies lors de leurs réclamations. Car apparemment, entre locaux, un client mécontent vous fait passer un mauvais quart d’heure.
Dans ces conditions certains expatriés ou élèves en immersion prennent parfois trop pour argent comptant certains messages.
En effet, certains occidentaux après quelques louanges, finissent par croire qu’ils sont bilingues ou qu’ils sont plus doués dans certains secteurs qu’ils ne le sont vraiment.
En réalité, ce n’est que de la politesse et ne reflète en aucun cas la réalité des choses.
Les aspects linguistiques,
Hormis le fait de vouloir donner de la face ou d’être polie en faisant des remarques d’encouragement. Il faut comprendre les standards linguistiques chinois.
En effet, la chine est un pays où parler un patois en même temps que la langue nationale est complètement normale.
En chine chaque province à son dialecte. Mais ça va même beaucoup plus loin. Quasiment chaque ville à ses variations de la langue de la province.
Et ne croyez pas que c’est seulement dans les petites villes de province éloignées.
Le cas le plus extrême que j’ai vu est la capitale financière du pays ;“Shanghai.
Les locaux me disaient que suivant le shanghaien qui est parlé au nord ou au sud de la ville, le shanghaien est différent.
Apparemment il y a même des rivalités entre shanghaiens qui parlent le dialecte différemment.
Les sons et manières de parler ces dialectes sont vraiment très particuliers et juste à l’accent, on peut deviner à peu près de quelle région de chine vient notre interlocuteur.
Si vous écoutez quelqu’un provenant d’Harbin (哈尔滨) et quelqu’un de Canton (广州), vous allez tout de suite sentir la différence.
Ainsi, les Chinois ont très souvent une prononciation ou un accent propre à l’endroit d’où ils viennent.
Ce qu’il faut comprendre c’est que le chinois qui est enseigné aux occidentaux, c’est la langue commune qui a été standardisé. C’est la référence !
Cela inclus particulièrement la référence en matière de son ! C’est-à-dire de phonétique !
Par conséquent, sachant que beaucoup de chinois parle avec les caractéristiques phonétiques de leur province, quand il entend un Occidental produire certains sons de manière relativement standard, il complimente surtout le côté phonétique. Pas le côté grammatical !
En d’autres termes, on peut très bien sortir une phrase très mal construite mais dont le son est suffisamment clair pour être comprise.
Donc, là aussi, il faut remettre les réalités dans leur contexte
La bonne volonté des interlocuteurs
Enfin, il y a un phénomène qui peut aussi induire en erreur, la bonne volonté de votre interlocuteur.
Dans un contexte commercial ou amoureux, la personne en face à certaines motivations pour essayer de comprendre l’étranger qui ne maîtrise pas la langue.
Si un client voit le potentiel dans ce que vous offrez, il sera patient et fera des efforts pour vous écouter et avoir un semblant de conversation.
Idem dans une relation romantique, si la personne est attirée par vous, elle trouvera un moyen de vous comprendre.
Une personne non avertie a vite fait de se dire que son niveau de chinois est très bon puisqu’il permet de faire des affaires et d’entretenir certaines relations.
Là encore, il faut rester lucide sur ce qui se passe réellement.
Observons ça sous un autre angle ;
Si la personne n’a pas d’intérêt particulier, c’est donc au vendeur de convaincre.
Pour y parvenir, l’outil de prédilection du vendeur, c’est le discours.
Mais maintenant les règles du jeu sont différentes, le client ne va pas faire d’effort pour essayer de comprendre. À ce moment-là, il faut parler un chinois qui soit suffisamment bon pour vendre, car le client ne va pas se fatiguer à deviner ce que le vendeur a voulu dire.
Idem pour le/la belle inconnu, si on ne lui fait ni chaud ni froid, et qu’en plus on s’exprime comme un enfant de quatre ans car on n’a pas le vocabulaire pour affirmer notre personnalité et nos qualités, on risque de passer à cote d’une belle histoire.
Garder sa ligne de conduite
Ainsi, ces actes de politesse et ces caractéristiques culturels, si elles sont incomprises peuvent mener beaucoup de monde à développer une confiance infondée.
La conséquence est que la plupart d’entre eux vont penser qu’ils parlent couramment le chinois et que ce qui les sépare d’un chinois c’est uniquement qu’ils ne sont pas né en chine et donc qu’élever leur niveau ne sert à rien.
Ou encore, leur niveau est totalement acceptable et l’améliorer serait briser la règle du 80/20 (dont je parle dans le guide gratuit) qui réclamerait une dose effort maximale pour un retour minimal.
Bref tout un tas de fausses croyances qui vont les motiver à se relâcher ou mettre de côté leur apprentissage du mandarin.
En conséquence, leur niveau commence à régresser et 3 ans ou 5 ans plus tard on se rend compte qu’on a perdu du temps.
Car autant être clair sur un point respirer l’air de Chine, n’améliore pas votre mandarin.
Être sur place et entendre parler chinois un peu dans la rue ne vous permet pas de faire des progrès.
Au final, les personnes qui échappent à ce piège sont celles qui continuent d’étudier car elles comprennent les notions d’harmonie dans les rapports.
De plus elles restent lucides sur le niveau et prennent les louanges pour des encouragements et pas pour une réalité.
Ainsi il faut arriver avec des objectifs comme par exemple se préparer pour un niveau de HSK. Ce n’est pas une finalité en soi mais ça permet d’avoir un but et un moyen de garder un œil sur son niveau de mandarin. Surtout que le test ne coûte que quelques Yuans par passage.
Restez fidèle à votre routine d’apprentissage. Faire des pauses de temps en temps n’est pas un souci, mais restez sur vos plans de bases.
N’oubliez pas que les pièges sont comme les tours de magies, quand on connaît le truc on s’en désintéresse, mais ça n’empêche pas qu’on peu tomber dans le panneau plus tard.
Restez curieux des choses, des mots, des caractères que vous ne connaissez pas. Surtout que les caractères ont des seuils qui peuvent changer du tout au tout votre progression avec le chinois mandarin. Considérez chaque jour comme une opportunité d’acquérir quelque chose.
N’hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé et sur qu’est-ce qui vous bloque dans votre apprentissage du chinois. Je pourrai vous écrire des articles pour vous aider sur ces thématiques. Mais jetez un coup d’œil dans le guide gratuit pour voir si je n’ai pas déjà répondu à votre question😉