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Échange linguistique chinois : Comment le rendre 10X plus efficace

学如逆水行舟不进则退
« Apprendre, c’est comme ramer à contre-courant : si vous n’avancez pas, vous reculez. »

Trois milkshakes et une après-midi plus tard, mon échange linguistique prend fin. Sur le chemin du retour, je fais un bilan de ma progression du jour et je m’aperçois que j’ai acquis plus de compétences sur le sirotage de milkshake qu’à améliorer mon oral…

Parallèlement, en 3ème année de licence à la fac, il y avait un cours d’oral avec un prof qui s’appelait Mr. Pang. Particulièrement après son cours, les mots chinois restaient à flotter dans ma tête pendant plusieurs heures. C’est un signe que la langue s’imprègne bien dans la mémoire. Il y a fort à parier que la manière de faire de monsieur Pang soit efficace pour faire progresser les élèves. Mais comment faire pour obtenir les mêmes résultats quand on n’a pas accès à un professeur de fac ?

Est-ce qu’un système peut combler une formation ?

Pour être pilote automobile, il n’y a pas besoin de connaître comment fonctionne le moteur pour savoir conduire.

Et si j’implémentais une méthodologie pour avoir des échanges linguistiques efficaces indépendamment de la personne avec qui je les fais ? C’est à quoi j’ai commencé à réfléchir il y a 4 ans lorsque j’ai fait une tentative d’apprendre le Coréen. À l’époque, j’ai fait un échange suivant une méthodologie de Jeff Brown qui a appris l’arabe en 12 mois avec cette méthode. Pour ma part, les effets ne se sont pas fait attendre non plus. Dès le premier échange, après seulement 30 minutes, j’avais les mêmes sensations que mes cours avec Mr. Pang en deux fois plus intense. Cela m’a beaucoup aidé lorsque j’ai passé mon HSK 5 en un temps très réduit. Je continue de l’utiliser pour les nouveaux défis en chinois mais aussi pour mon apprentissage du japonais. Entre temps, j’ai perçu certaines limites de cette approche pour le mandarin. C’est ce qui m’a poussé à faire des recherches pour peut-être trouver mieux. Cela m’a donné l’occasion de découvrir et d’essayer d’autres méthodes qui ont fait leurs preuves et de réfléchir à comment intégrer les points forts de chacune au sein d’une méthode cohérente.

Si vous souhaitez améliorer vos capacités orales en chinois ou en japonais, ou les deux, alors cet article est pour vous. J’ai mis au point une structure pour rendre les échanges linguistiques plus efficaces et je suis actuellement en train de la tester ! Je vous révèle tout maintenant.

Cibler pour être Efficace en Situation Réelle

Avez-vous entendu parler du « Topic based fluency » ? C’est un concept qui part du principe qu’on sera plus efficace dans une langue étrangère en étudiant un seul sujet à la fois pour le maîtriser complètement, plutôt que d’ouvrir l’éventail des sujets pour ne les maîtriser que superficiellement.

Dit comme ça, cela semble évident, pourtant si on regarde la plupart des programmes de langues, on voit que la leçon de la semaine 1 va parler d’une rencontre amicale dans un salon de thé, la semaine 2 de la consultation chez le docteur, la semaine 3 de l’appel au service client pour utiliser la garantie, etc.

Chaque semaine on saute d’un sujet à l’autre, avec à chaque fois un vocabulaire partiel différent. Mais en une semaine, vous n’avez pas le temps de maîtriser le sujet suffisamment pour être efficace si la situation se présente.

Généralement, on aborde ces sujets pour que les élèves aient une petite notion de la chose, mais c’est surtout pour introduire des règles de grammaire qui se prêtent à la situation du texte. Il n’y a pas de mal à ça, seulement une fois dans la vie réelle on ne saura pas s’en sortir sans aide extérieure.

Par exemple, la première fois que je suis arrivé en Chine, je suis tombé malade le premier mois. Je savais dire « docteur » et « hôpital », ce qui m’a permis d’aller à une consultation au centre médical de l’école. Mais une fois arrivé devant les médecins qui ne parlaient ni anglais ni français, j’étais incapable d’expliquer mes symptômes. J’ai passé toute la consultation avec mon dictionnaire à la main et je n’ai pas tout compris de ce qu’ils m’ont répondu en retour…

Alors que si par exemple on programme nos leçons de cette manière :

  • Semaine 1 : Comment prendre rendez-vous dans un cabinet médical.
  • Semaine 2 : Décrire ses symptômes et recevoir les recommandations du médecin.
  • Semaine 3 : Rechercher et acheter des compléments à la pharmacie.

On a beaucoup plus de chance de pouvoir gérer la situation le moment venu.

Mais les bénéfices ne s’arrêtent pas là.

Cibler pour Optimiser Votre Mémorisation

Quand vous étudiez un sujet, vous êtes en contact avec un champ lexical. Dans l’exemple précédent, on est dans le monde de l’hôpital, donc vous allez rencontrer des mots comme « ordonnance », « médicaments », « symptômes », etc… Généralement, les deux ou trois premiers cours vont avoir une abondance de vocabulaire à apprendre car le contexte est nouveau, mais au fur et à mesure, vous retomberez sur les mêmes mots. Et cela a de multiples avantages :

  • À force de les rencontrer, cela devient une révision gratuite.
  • Vous allez avoir l’habitude de les utiliser donc ils vont s’ancrer dans votre mémoire à long terme.
  • Puisque le vocabulaire aura moins d’inconnus, vous pourrez mieux vous concentrer sur la grammaire et serez plus efficace pour la maîtriser.

Parce qu’on va pas se le cacher, le saboteur numéro 1 de l’apprentissage de la grammaire c’est le vocabulaire inconnu. Quand on essaie d’apprendre une nouvelle règle de grammaire et sa construction dans une phrase, mais qu’on ne comprend pas la moitié des mots, on passe plus de temps à chercher la signification des mots dans le dictionnaire que de se concentrer sur le vrai objectif : la construction. Et si vous êtes dans une classe, le temps que vous récupériez la signification du mot, le groupe est déjà passé à la phrase suivante, et le même problème se représente de nouveau.

Donc en cherchant à bien maîtriser un thème avant de passer à un autre, on maîtrise mieux le vocabulaire, ce qui laisse toute la disponibilité cognitive pour se concentrer sur la grammaire.

Pourquoi c’est encore plus vrai pour mieux apprendre le chinois ?

Tout d’abord, le chinois est ce qu’on appelle « une langue lointaine » par rapport au français. Non seulement les deux pays sont très éloignés géographiquement, ce qui fait que les deux cultures se sont côtoyées très tardivement dans l’histoire de l’humanité. Ce fait qui paraît si anodin a en fait un impact assez important, c’est que quand deux civilisations se rencontrent, elles vont forcément échanger. Souvent au niveau commercial, mais aussi au niveau culturel. Donc on va souvent rencontrer des mots d’une langue dans l’autre langue, les fameux « mots apparentés ». Aussi au niveau grammatical cela peut avoir un impact.

Dans le cas du français et du chinois, les deux systèmes linguistiques sont très éloignés aussi bien dans les sons que dans la syntaxe des phrases. Alors que l’italien, l’espagnol ou l’anglais sont beaucoup plus proches. Par conséquent, quand vous apprenez ces langues, vous pouvez les apprendre quasiment de la même manière.

Alors que le chinois, c’est une langue qui a des particularités qu’on ne retrouve uniquement que dans le chinois. Ce n’est pas pour rien qu’on voit de plus en plus apparaître en France ou en Suisse des programmes de formation sur la didactique du chinois.

D’ailleurs, les enfants chinois eux-mêmes ont des exercices spécifiques de prononciation, d’écriture, de rédaction parmi beaucoup d’autres, qu’on ne retrouve que dans l’éducation du chinois. Les besoins sont bien là, alors imaginez pour un apprenant dont la langue maternelle est le français ?

Donc je pense qu’on a encore plus besoin de cadrer son apprentissage pour avoir de meilleurs résultats.

Un concept pas si nouveau

Le concept du « Topic based fluency » n’est pas nouveau puisqu’on le retrouve depuis longtemps dans certains manuels. Il n’y a qu’à observer un échantillon de ce que publie la Beijing Language and Culture University Press 北京语言大学出版社 pour se rendre compte qu’ils ont compris depuis longtemps l’intérêt de ce genre de méthode. La nouveauté tient plus de son utilisation dans les échanges linguistiques et certains polyglottes professionnels l’utilisent quasi systématiquement. D’autres maisons d’édition l’utilisent aussi et depuis la fin des années 90 et début des années 2000, on a vu beaucoup de manuels entiers centrés sur des sujets spécifiques comme le domaine de l’entreprise, le voyage, la vie au campus, technologie des informations, etc.

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Petite Parenthèse pour Ceux qui Aiment les Références Scientifiques.Le Topic Based Fluency est une adaptation du principe du « Task-based language teaching (TBLT) » ou en français « Enseignement des langues basé sur les tâches ». L’apprentissage des langues basé sur les tâches trouve son origine dans le courant de l’approche communicative.

Quel résultat dans un échange linguistique en chinois sans Structure?

Admettons que vous décidiez de faire un échange français-chinois ou français-japonais avec un ou une partenaire native. Si cette personne maîtrise mieux le français que vous ne maîtrisez le chinois ou le japonais, au final, la langue qui permet le mieux la communication va s’imposer. Et votre échange linguistique va tourner à se passer à 90% en français. Au final, vous n’aurez pas pratiqué tant que ça.

Et ce n’est pas un scoop que avec les sinogrammes ou les kanjis, nous partons avec un désavantage en termes de rapidité d’acquisition. Donc il y a fort à parier que votre interlocuteur ait un meilleur niveau de français que vous dans sa langue. En plus, si vous êtes en France, cette personne a tout un avantage environnemental que vous n’avez pas, donc ça n’arrange rien.

Dans le cas où tous deux êtes consciencieux et avez un temps égal de pratique pour chacun, si vous n’avez pas de consigne particulière, même si vous vous exprimez en chinois pendant 1 heure, c’est très bien, mais vous aurez sans doute utilisé les mêmes tournures de phrase et le même vocabulaire encore et encore. Au final, vous aurez pratiqué, mais vous n’aurez rien appris de nouveau, donc vous en restez presque au même point.

Enfin, il y a fort à parier que votre partenaire ne soit pas un professeur de chinois qui a reçu une formation pédagogique et didactique. Donc, cette personne saura que vous faites une erreur et pourra vous corriger, mais elle ne pourra pas vous dire pourquoi. Expliquer des subtilités grammaticales de sa langue maternelle peut être complexe sans une formation spécifique en linguistique et didactique.

Pouvez-vous me dire :

  • Pourquoi utilise-t-on « lui » dans certaines situations et « le » ou « la » dans d’autres lorsqu’on se réfère à une personne ?
  • Pourquoi utilise-t-on parfois l’auxiliaire « être » et parfois « avoir » pour les verbes au passé composé ?
  • En face de vos questions, l’autre ne saura pas toujours quoi répondre non plus.

Si nous partons du principe que vous ne souhaitez pas seulement conserver votre niveau actuel mais progresser, alors il va nous falloir un système.

Vous Êtes au Centre du Système

Je fais l’hypothèse que vous avez déjà trouvé un partenaire pour faire un échange linguistique en chinois.

Préparez-vous psychologiquement pour ce que vous allez lire, ça risque de piquer un peu… Dans ce système, je vous annonce que vous allez devoir être proactif durant tout le processus. Vous êtes toujours là ? Voyons le bon côté des choses : c’est vous qui êtes aux commandes, donc oui, la responsabilité sera vôtre, mais ça signifie aussi que vous avez le contrôle, finies les mauvaises surprises. Maintenant, c’est vous l’acteur de votre progression en langue, et ça, c’est une bonne nouvelle.

La Préparation

Vous l’avez sans doute déjà compris, un échange linguistique en chinois ça demande de la préparation. Pour que votre verger donne de beaux fruits, il faut y placer de bonnes graines pour une récolte abondante. C’est ce dont on va traiter dans cette première partie.

Le Choix le Plus Important pour un échange linguistique en chinois

Avant toute chose, réfléchissez à ces questions fondamentales :

  • Pourquoi apprenez-vous le chinois ?
  • Qu’est-ce que vous allez faire avec cette langue ?
  • Si on part du principe que la langue est un outil qui vous permet de réaliser un rêve ou de pouvoir exercer votre profession, comment allez-vous l’utiliser concrètement ?

Si vous apprenez le chinois parce que vous allez au temple de Shaolin pour faire un stage de kung fu de 3 mois, alors la langue va vous servir à comprendre les instructions de votre professeur, les techniques, les sensations du corps, les positions, etc.

Si vous allez travailler en Chine dans l’import-export, la langue va vous servir pour gérer les entretiens sur la logistique, la présentation produit, la communication avec le fournisseur, etc.

Tous les autres sujets que vous pourriez avoir besoin également, ne sont pas jetés aux oubliettes. C’est seulement qu’ils ne sont pas traités en priorité, ils seront traités plus tard. Le but c’est d’être opérationnel dans ce qui est le plus important pour vous.

Recommandations

Le choix de votre sujet est une question personnelle qui dépend des projets de chacun. Cependant, je m’aventurerais à faire une suggestion. Si votre pratique du chinois est en relation avec votre travail ou vos études, c’est-à-dire quoi que ce soit qui a un impact sur votre situation économique ou sur votre futur, je ciblerai en priorité ce domaine.

Le Meilleur Manuel Fait Spécialement pour Vous

Maintenant que vous savez le sujet le plus important pour vous et celui par lequel vous allez commencer et vous concentrer, c’est le moment de récupérer entre 5 et 10 supports qui sont en rapport avec et qui vous semblent les plus pertinents pour vous.

Cela peut être des textes, des podcasts, des vidéos, des manuels, tout ce que vous voulez à partir du moment que :

  • ça traite de votre sujet cible
  • que c’est en chinois ou que vous avez la possibilité de l’avoir en chinois
  • et que vous avez les moyens d’en faire une transcription écrite.
  • que le support vous plaît, vous motive, vous donne envie de le traiter

Cela va constituer les premiers éléments que vous allez apprendre.

Recommandations

Plus vous choisissez des textes précis sur le domaine de votre profession, mieux ce sera. Par exemple, si vous travaillez dans la conception de logiciels et que vous partez en Chine pour le travail, prendre des textes sur la vie en entreprise, c’est très bien, et prendre des textes sur la vie en entreprise dans le domaine de l’informatique, ce sera encore mieux.

Et j’insiste encore sur le côté attrayant de votre support. Il faut que vous trouviez un support qui vous fasse plaisir, qui vous rend curieux ou vous donne envie de l’étudier.

Disséquez Vos Documents

Une fois que vous avez trouvé les supports en rapport avec vos centres d’intérêts ou besoins, suivant votre niveau, je suggère que vous commenciez avec un texte qui fasse entre 1 et 3 paragraphes mais pas plus long qu’une page A4 maximum.

De ce texte, vous allez :

  1. extraire tout le vocabulaire que vous ne connaissez pas.
  2. Extraire toutes les structures grammaticales que vous souhaitez étudier.

Une fois que ça c’est fait. Vous allez :

  • Traduire et apprendre le nouveau vocabulaire
  • Idem avec les constructions grammaticales
  • Et si votre niveau le permet, apprenez le paragraphe suffisamment pour pouvoir le présenter ou le réciter

Pour les mots et la grammaire sur lesquels vous avez un doute, ne vous faites pas de soucis, mettez-les de côté, on va pallier à ce problème par la suite.

Faire ces premières étapes va vous demander un peu de temps, quelques heures sans doute. Cela variera suivant la longueur des textes, le nombre de mots de nouveau vocabulaire et l’accessibilité des supports.

Si vous avez choisi une vidéo ou un podcast, c’est la même chose. Faites en sorte d’avoir la transcription en texte et effectuer le même travail. Sur beaucoup de vidéos sur Youtube, vous pouvez obtenir la transcription automatique dans les boutons en option sous la vidéo.

échange linguistique chinois youtube
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Avec Votre Partenaire

Vous avez sous la main le texte que vous avez travaillé, et sur une autre feuille, vous avez la liste de vocabulaire et les points de grammaire de votre texte.

Vous allez voir les étapes que j’utilise moi-même lorsque je fais un échange linguistique. Le modèle n’est pas figé, et sentez-vous libre de faire les changements que vous jugez utiles pour vous. Cependant, je vais vous expliquer mon but dans chacune des phases.

La Règle Durant Toute la Séance

Quand vient mon tour dans l’échange avec mon partenaire et qu’on va travailler sur mes sujets, si mon niveau de chinois est déjà au niveau intermédiaire, je fixe la règle que pendant tout le temps de l’échange, on doit parler uniquement en chinois, même et surtout lors des explications et commentaires qu’on va me donner. Et si je ne comprends pas, alors il faut expliquer avec d’autres mots, ou plus lentement, voire même en faisant des gestes, mais il faut éviter le français ou l’anglais à tout prix.

La Technique de l’Exposé

Ensuite, le premier exercice que je fais, c’est que je vais présenter ou réciter le texte sur lequel on va travailler aujourd’hui. Je vais le présenter un peu comme un exposé, c’est-à-dire en expliquant son contenu.

C’est un exercice vraiment très utile car cela demande d’utiliser des formulations pour présenter un document. Plus tard, que vous vouliez parler d’un film, d’une situation avec un client, ou écrire ce qui vous est arrivé à des amis, les formulations sont les mêmes. C’est donc un exercice très intéressant. Et puisque vous traitez d’un sujet ciblé, le contenu que vous expose vous fait déjà utiliser du vocabulaire dont vous aurez besoin. C’est donc un coup double.

Cette phase peut durer de 1 minute à 10 minutes suivant la longueur et le sujet.

Séance de Q&A

Première Partie:

Ensuite, je donne à mon interlocuteur la feuille avec le vocabulaire et les structures grammaticales du texte. Et je lui demande de me poser des questions sur ce que je viens de lui présenter, mais en utilisant le plus possible le vocabulaire et les structures grammaticales de la feuille. Cet exercice va durer entre 5 et 10 minutes.

L’avantage de cet exercice, c’est qu’il va aider à nous habituer à entendre ce vocabulaire et cette grammaire cible.

Deuxième Partie: Cette fois, il peut me poser les questions comme il veut, le but c’est que ses questions m’obligent à utiliser le vocabulaire et/ou les structures grammaticales de la feuille dans mes réponses. Dans cette partie, dans mes réponses, la correction de mon partenaire est demandée et souhaitée. Sinon, les erreurs vont se fossiliser. Il faut donc que vous entendiez au moins une fois la forme correcte pour en avoir conscience. Le mieux, c’est qu’il pose même parfois plusieurs fois le même type de question mais juste en variant le vocabulaire.

C’est dans cette phase de Q&A que vous allez apprendre aussi du nouveau vocabulaire et de nouvelles expressions de la part de votre partenaire. Vous devez en prendre note, les conserver, et les apprendre pour la prochaine séance. Pour les réutiliser et vous tester dessus au prochain échange.

L’Exercice du « 3 Fois 2 »

C’est un exercice qui se construit graduellement. Il est composé de :

  • 2 procédés : remplacement et extension.
  • 2 phases : traduction et réponse.
  • 2 modes : bilingue et monolingue.

Voici comment vous allez procéder :

Phase Traduction et Mode Bilingue:

Toujours en utilisant les mots de la feuille de vocabulaire en priorité (mais pas seulement limités à celle-ci), votre partenaire va cette fois utiliser le français et vous donner à l’oral une phrase de départ la plus simple et courte possible. Vous allez tout de suite la traduire à l’oral. Par exemple :

  • Je mange

Votre partenaire va ensuite reprendre la même phrase et ajouter un mot (extension). Et vous allez tout de suite la traduire à l’oral. Par exemple :

  • Je mange des nouilles

Ensuite, votre partenaire va reprendre la même phrase et changer un mot (remplacement). Par exemple :

  • Je mange du pain

Votre partenaire va ensuite reprendre la même phrase et ajouter un mot (extension). Et vous allez tout de suite la traduire à l’oral. Par exemple :

  • Je mange des nouilles au restaurant

Phase Réponse:

Ensuite, votre partenaire va vous faire traduire la question correspondante à chacune des phrases qu’il vous a données :

  • Je mange = Qu’est-ce que tu fais ?
  • Je mange du pain = Que manges-tu ?
  • Je mange des nouilles au restaurant = Où manges-tu des nouilles ?

Ensuite, vous allez continuer cette dynamique avec votre partenaire et vous allez alterner comme vous le voulez entre extension et remplacement dans les phrases que celui-ci va vous donner. Pour ces deux parties, faites ces exercices pendant 5 à 10 minutes.

Mode Monolingue:

Maintenant, votre partenaire va vous poser des questions sur le même modèle que précédemment, mais en chinois directement. Et vous allez répondre directement en chinois aussi. Pour vous, cela ne change rien dans votre production, mais par contre, maintenant, vous allez devoir comprendre ce que lui vous dit. Exemple :

  • 你正在做什么? = 我在吃面条
  • Qu’est-ce que tu fais ? = Je suis en train de manger des nouilles

Au bout de quelques minutes, quand vous vous sentez plus à l’aise avec cet exercice, vous pouvez commencer à faire un ping-pong entre vous deux. C’est-à-dire que vous allez répondre à ses questions, mais vous allez aussi pouvoir lui poser des questions et voir si vous comprenez ses réponses. Petit à petit, avec cet exercice, vous allez vous rapprocher de ce qui ressemble à une conversation normale, et peut-être même partir naturellement sur une conversation.

Après tout, une conversation, c’est un échange d’information. Poser des questions et répondre à des questions, c’est bien un échange d’information. Après, dans vos questions et vos réponses, vous pouvez les enrichir avec plus ou moins d’informations ou de détails.

Jeux de Rôle

C’est généralement le type d’exercice que j’utilise en dernier lors d’un échange linguistique en chinois. On va se mettre en situation et jouer un rôle un peu comme au théâtre. L’idée est de s’entraîner à être efficace dans une situation précise.

Par exemple, votre partenaire va jouer l’employé au guichet de vente de billets de train, et vous allez jouer la personne qui vient acheter un billet. Par exemple :

  • Vous : Bonjour ! Je voudrais deux billets pour aller à Hangzhou s’il vous plaît.
  • Partenaire : Très bien. Nous avons un train à 14h, 17h et 19h, lequel voulez-vous ?
  • Vous : Celui de 17h.
  • Partenaire : Côté fenêtre ou côté couloir ?
  • Vous : Côté fenêtre.
  • Partenaire : Votre passeport s’il vous plaît…
  • …etc.

Tout cela sera évidemment entièrement en chinois. C’est un excellent exercice pour vous préparer sans risque à des situations auxquelles vous aurez à faire face plus tard. S’il vous manque des mots pour exprimer des choses ou faire face à des situations, essayez d’abord de vous faire comprendre avec le vocabulaire et les expressions que vous avez. Cela entraîne votre capacité à gérer une situation avec les ressources du moment.

C’est l’exercice idéal pour prendre des notes sur ce qui vous manque pour arriver à vous en sortir dans la situation et les demander à votre partenaire à la fin de l’exercice.

Autres Bénéfices de ce Type d’Échange Linguistique

Quand vous allez guider votre partenaire à travers ce système, il/elle va aussi en bénéficier et il y a fort à parier qu’il va vous demander de pratiquer les mêmes exercices sur lui. Aussi, la diversité et la pertinence des exercices vont sans doute lui faire comprendre que vous n’êtes pas un partenaire de langue classique et qu’il a sans doute à gagner à continuer avec vous. Cela va donc préserver sur une période de temps plus longue votre partenariat.

Ceci est important car souvent les échanges linguistiques ne durent pas longtemps car personne n’y trouve son compte, ou l’un des deux s’ennuie ou ne sent pas de progression. Du coup, vous vous retrouvez sans partenaire, quand ce n’est pas vous qui décidez de laisser tomber car le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Avec ce système, vous générez plus d’intérêt, de motivation et vous bâtissez de vraies compétences applicables dans vos prochaines communications. Clairement, ce système est plus amusant, plus structuré et il vous sort de votre zone de confort. Sans compter que parfois, lors de certains exercices devant des erreurs ou des malentendus, vous pouvez vous attendre à des fous rires. Ce qui rend l’exercice encore plus motivant.

J’ai une amie avec qui on fait un échange linguistique, et le sujet que je traite en ce moment, ce sont les techniques de négociations. J’arrive avec un texte qui présente une technique de négociation et après on fait tous les exercices décrits ci-dessus. Mais le sujet de base est lui-même aussi intéressant pour elle car elle est curieuse de beaucoup de choses, et cela lui permet d’apprendre des choses dans le contenu que j’apporte même si on travaille surtout la mécanique de la langue. Mais le fait d’avoir des sujets intéressants permet de pimenter encore plus les échanges linguistiques.

Ouverture du Champ des Possibles

Vous n’êtes en aucun cas limité aux techniques que j’ai partagées avec vous dans cet article. Vous êtes complètement libre d’ajouter, modifier ou retirer les techniques que vous pensez ne sont pas utiles ou intéressantes pour vous. Mais avant de faire cela, je vous encourage vivement à toutes les tester pendant au moins un mois pour voir l’effet que cela a sur vous et votre progression. Car comme disait Bruce Lee : « apprenez les règles, maîtrisez les règles et cassez les règles ». Avant de casser les règles, il faut d’abord les apprendre et les maîtriser. Si on cherche à modifier quelque chose alors qu’on y a à peine goûté, on risque de passer à côté de beaucoup de trésors qu’on ne peut pas voir à première vue.

« Cela ne sonne pas naturel »

Dans cet article, je me concentre davantage sur l’échange linguistique en tant qu’exercice pour améliorer l’acquisition de la langue. Et comme tout exercice, c’est un outil pour former une compétence. Une fois que vous avez acquis la compétence, elle fait partie de vous et son usage devient plus fluide et donc devient aussi naturel. Ce qui fait dire aux gens que ce n’est pas naturel, c’est pendant la période d’entraînement ou ce que j’appellerais la période de sevrage. C’est là où vous vous familiarisez avec l’exercice et où vous faites des erreurs. C’est normal. Il faut un temps au cerveau pour faire de nouvelles connexions neuronales, et pendant cette période il y a des ratés. Mais au fur et à mesure que les connexions entre les neurones s’opèrent, les performances s’améliorent, ça devient de plus en plus aisé, et à un moment, inexorablement, vous atteindrez un état de liberté naturelle.

Développer de nouvelles compétences passe par une période de difficulté ou de maladresse, c’est un passage obligé. Si vous n’éprouvez aucune difficulté pendant votre apprentissage, ça veut dire que vous restez dans la limite de vos compétences, donc vous n’évoluez pas. Tel le principe du Yin et du Yang, il faut juste trouver le bon équilibre entre un exercice qui est suffisamment ardu pour nous permettre d’améliorer quelque chose mais pas trop difficile pour être bloqué.

« Je suis débutant, je ne sais pas par où commencer pour faire échange linguistique en chinois »

Si vous êtes un grand débutant, la démarche est la même, c’est seulement le contenu qui va un peu différer. Quand on est un total débutant, l’objectif c’est d’établir une relation avec la langue, d’acquérir un vocabulaire de base qui vous permette d’exprimer vos besoins les plus primaires. Vous présenter, vous diriger, poser des questions simples, etc.

Généralement dans les manuels, les leçons pour débutant sont organisées sous forme de dialogues courts et simples. Vous pouvez totalement utiliser ces dialogues comme base pour travailler avec votre partenaire de langue, vous pourrez demander à ce qu’il porte son attention sur votre prononciation et votre compréhension. Un peu plus tard, quand vous aurez un peu plus étoffé votre vocabulaire et aurez les bases de la langue, vous pourrez vous diriger vers des supports plus en rapport avec vos objectifs de vie, vos passions ou votre travail.

Conclusion

La plupart des apprenants en langues n’ont même pas l’ombre d’un plan pour y parvenir. Du coup, ils font un peu de tout et vont un peu partout : ils n’ont d’autre objectif que de « parler couramment chinois » et n’ont d’autre méthode que de suivre un cours à droite ou à gauche, écouter de la musique, regarder la télévision, parler avec quelqu’un si l’occasion se présente…

Cette approche fonctionne si vous disposez d’un temps infini et que vous n’avez pas peur d’être frustré, d’abandonner ou de perdre le niveau que vous avez déjà acquis.

En marchant tout droit sans un plan, vous pourriez arriver quelque part, la question est où ? et quand ? L’objectif de cet article est de fournir des stratégies et des conseils pratiques pour aider les apprenants à optimiser leurs sessions d’échange linguistique en chinois, améliorant ainsi leur acquisition de la langue de manière significative. Il y a moins de crainte d’échec quand on sent que notre objectif est à portée de main et que tout ce qu’on fait est un pas concret en direction de cet objectif.

Je vous souhaite de tout cœur d’atteindre l’objectif que vous vous êtes fixé en apprenant le chinois. Pouvoir parler cette langue et entrer en contact avec d’autres personnes est tellement enrichissant. Certaines communautés et paysages que j’ai rencontrés dans ce pays incroyable contenaient une énergie tellement intense et nourrissante. Ça vaut largement le coup de s’investir.

Zhangjiajie  ville-préfecture du nord-ouest de la province du Hunan en Chine

Faites-moi savoir dans les commentaires comment se sont déroulés vos échanges linguistiques en chinois et comment ces techniques ont marché pour vous. Et si vous avez d’autres techniques qui vous ont servi, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires aussi, cela aidera la communauté. Bâtissons ensemble des ponts entre les cultures.

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About the author

Passez de zéro à héro en chinois ! Avec les nouvelles techniques des neurosciences et mon expérience de professeur de chinois, je serais honoré de vous donner tout ce qu'il faut pour surmonter les obstacles que vous traversez dans votre apprentissage de la langue chinoise.

Titulaire d'un master de chinois, entré dans le MBA de l'université du Jiangsu, vécu plus de 10 ans en Chine (arrivé 2009), directeur d'une société d'import export à Shanghai, acteur dans des séries et long métrage chinois, j'ai éprouvé mon mandarin et développé une expertise de la langue. Mon système est là pour aider les apprenants à atteindre leurs objectifs.
Que vous souhaitiez vous initier aux chinois mandarin, vous perfectionner, passer le diplôme du HSK, entrer dans une université ou trouver du travail en Chine, mieux communiquer avec vos clients chinois... je suis là pour vous accompagner.

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