Chaque mois, de nouvelles applications apparaissent sur nos téléphones, des méthodes pour acquérir la grammaire naturellement et des techniques pour apprendre les caractères plus facilement. On ne peut que réussir avec tout ça ! Pourtant, certains se sentent stagner et petit à petit, il est de moins en moins facile d’apprendre.
Est-ce qu’on ne passe pas à côté de quelque chose ?
Pour mémoriser le vocabulaire chinois et la grammaire, c’est dans la tête que ça se passe. Et votre cerveau, c’est un peu comme vos abdominaux. Si vous faites déjà un minimum d’exercice, ce n’est pas en faisant plus de répétitions à la salle de sport qu’ils seront plus visibles et saillants. En réalité, c’est dans la cuisine que ça se passe ! On sait que la malbouffe fait grossir, mais la science nous dit désormais qu’elle pourrait aussi faire rétrécir notre cerveau.
Et vous n’avez pas encore idée de l’impact d’une alimentation saine sur notre mémoire. Donc, si vous voulez savoir quel aliments manger pour mieux mémoriser le chinois, vous êtes au bon endroit !
Une nourriture qui reprogramme le cerveau
Il y a un nouveau domaine scientifique qui voit le jour actuellement, celui de l’impact de la nutrition sur notre état mental. On y découvre qu’une alimentation riche en gras et en sucre conduit à des modifications des parties du cerveau utilisées pour la mémoire.
Tout commence dès les premiers repas, avant même la naissance.
En Chine et au Japon, on considère que quand un enfant naît, il a déjà un an. Cela peut sembler étrange aux yeux des Occidentaux, mais la science nous dit que les extrêmes orientaux ont peut-être compris plus tôt certaines choses. Le cœur d’un fœtus bat au bout de quelques jours, il y a donc bien de la vie pendant toute la grossesse. Mais il n’y a pas que le cœur, le cerveau se construit pendant la grossesse, et plus tard, suivant ce que la mère aura avalé pendant neuf mois, le cerveau de l’enfant aura un fonctionnement différent.
Le professeur en nutrition psychiatrique, Felice Jacka, est l’une des meilleures spécialistes sur le sujet. Après une étude sur 23 000 femmes, elle a observé que celles qui consommaient des aliments transformés, des aliments riches en gras et en sucre, avaient des enfants plus susceptibles d’être agressifs, colériques et capricieux.
Les carences
La junk food contient très peu de nutriments et surtout ceux dont le cerveau a besoin. Lors d’une expérience reproduite des centaines de fois, le laboratoire de l’université de Bordeaux a observé un comportement complètement anormal de la part de souris. Les souris étaient en état de stress constant. Et justement, un cerveau en état de stress est sous le joug de multiples processus hormonaux et chimiques, et c’est un facteur qui affecte grandement la mémoire et d’autres fonctions cognitives.
Il se trouve que les souris étaient carencées en acides gras polyinsaturés, qu’on appelle aussi oméga 3. Sans oméga 3 pour se construire, notre cerveau ne peut pas fonctionner normalement, car notre matière grise est à 90% composée de graisse qu’il ne sait pas fabriquer par lui-même. Cela veut donc dire qu’il faut qu’on en mange pour en avoir.
Les principales sources pour nous sont : les poissons gras, les abats, les huiles végétales, les graines comme les noix ou les amendes. Et ce sont justement ces aliments qui se sont raréfiés dans la cuisine des pays industrialisés.
Observée au microscope, une carence en Oméga 3 au niveau des neurones se manifeste de manière physique directe. Car entre eux, les neurones vont avoir moins de prolongements, moins de synapses. Il y a donc un impact sur la connectivité des neurones. Le cerveau est donc moins efficace pour aller chercher les informations, d’où une mémoire moins performante et d’autres manifestations au niveau de l’attitude. À savoir que la population générale est carence en oméga 3. La recommandation est toutefois non pas de prendre des compléments en oméga 3 qui sont souvent des molécules de synthèse, mais de prendre des aliments riches en cet acide gras car les autres nutriments et fibres vont jouer de concert avec et permettre une meilleure absorption.
L’université de Sydney a fait des recherches en donnant à des souris les mêmes repas qu’on peut espérer trouver dans une assiette occidentale. C’est-à-dire la nourriture qu’on trouve aux supermarchés, dans les fast-foods bon marché comme : des quiches, des frites, des gâteaux, des biscuits etc.
Première conséquence : l’animal double ses rations alimentaires, il n’est jamais rassasié. Mais surtout, on a observé que les animaux qui mangent très gras et très sucrés ont du mal à se rappeler la place des objets lors de multiples expériences. Ceci traduit que la mémoire spatiale est abîmée. Ces phénomènes trahissent une altération de l’hippocampe.
L’hippocampe est une petite région située au centre du cerveau. Elle est indispensable à l’apprentissage et à la consolidation des souvenirs. Et les dernières études montrent que chez l’homme, une alimentation trop riche interfère aussi avec l’hippocampe. Il a été mis en évidence aussi qu’il existait un lien entre l’alimentation et la taille de l’hippocampe, ainsi que celle de la matière grise ou de la matière blanche.
Nos capacités intellectuelles sont-elles vraiment menacées par les aliments pour mémoriser le chinois?
Et si vous pensez qu’avec un bon capital génétique, que si auparavant vous n’avez pas trop abusé des bonnes choses ou qu’il faudrait maintenir des mauvaises habitudes de vie pendant longtemps pour en sentir les effets, détrompez-vous ! Des études commencent aussi à sortir montrant que quatre jours d’un régime à base de malbouffe suffisent à altérer les fonctions cognitives qui dépendent de l’hippocampe.
Le professeur Margaret Morris a émis une hypothèse qui est en train de s’imposer dans le milieu de la recherche. Une nourriture trop riche perturbe le cerveau au point d’en affecter l’efficacité, car manger trop de gras et/ou trop de sucre déclenche une réaction inflammatoire dans le corps, et celle-ci se propagerait par voie sanguine jusqu’aux neurones, impactant entre autres les fonctions cognitives dont la mémoire.
Silhouette VS cerveau
Cela fait 30 ans que des recommandations sur la nutrition sont faites à la population, mais on voit toujours plus de problèmes de santé. Certains pensent que c’est juste pour leur silhouette et ne prennent pas garde aux recommandations, mais maintenant nous savons l’impact sur le cerveau. Même si mieux choisir vos aliments ne va pas vous permettre de mémoriser tous les kanjis ou de percevoir tous les tons du chinois en une nuit, cependant j’ai observé que ma faculté de concentration lors de mes séances d’étude était bien meilleure et que je retenais plus de vocabulaire sur mes flashcards depuis que j’avais changé mon alimentation. Aujourd’hui, les docteurs sont d’accord pour recommander le régime méditerranéen comme base nutritionnelle pour une bonne santé. Des bénéfices similaires ont été observés dans les régimes de la diététique chinoise traditionnelle et le régime Okinawaïen.