La peur de prendre la parole ou même de devoir dire un simple mot dans une langue étrangère qu’on ne maîtrise pas encore, qu’on est justement en train d’apprendre est une situation très commune.
On se sent gêné, on a peur d’être ridicule avec notre prononciation, on a peur de dire quelque chose de faux, que l’autre ne nous comprenne pas ou qu’on se moque de nous.
Surtout si on est timide de nature, au moment où on commence à parler, le regard des autres se fait plus intense et on est encore moins enclin à parler.
Le plus étrange c’est que cette angoisse reste toujours plus ou moins présente même quand on est déjà bilingue et qu’on apprend sa troisième langue.
Il est dommage de consacrer tellement de temps à une nouvelle langue, pour au final se sentir gêné de l’utiliser.
Alors que le plus intéressant et le plus fun, c’est justement de pouvoir échanger !
Sans compter que sur le moyen terme, le fait de ne pas pouvoir parler va avoir un impact sur nos progrès et si nous ne nous voyons pas progresser, nous risquons d’abandonner et tout le temps et les efforts investis seront perdus. Quel gâchis !
Afin d’éviter cette angoisse et de profiter pleinement de notre nouvelle activité, voici quelques outils et techniques pour aider à dépasser cette peur de parler une langue étrangère.
L’avantage des langues asiatiques
Cela peut paraître contre-intuitif, mais il est plus facile de gagner de la confiance et de dépasser ce stress pour s’exprimer dans une langue asiatique que dans tout autre langue.
Les facteurs qui influencent l’apprentissage d’une langue étrangère sont multiple:
-méthode d’apprentissage
-état d’esprit
-Connaissance culturelle
-niveau des personnes
-but de la communication
…
Mais il y a un facteur qui a beaucoup de poids dans la peur de parler c’est “l’image qu’a l’interlocuteur de votre objectif”
De ce côté-là, les langues asiatiques ont des avantages insoupçonnés.
Dans certains pays, comme par exemple la France. Un étranger qui viendrait apprendre chez nous et qui par conséquent aurait un niveau de langue très bas, en général les Français ne vont pas faire attention à lui et dans certains milieux même négliger cette personne.
En Chine, la culture et l’esprit patriotique du pays fait qu’un chinois est toujours admiratif quand un non chinois apprenne leur langue. Ainsi ils donnent beaucoup d’encouragement et de soutiens.
En Corée, j’ai remarqué la même chose.
Lors d’un déjeuner au restaurant, une amie française qui apprenait à Séoul, a déchiffré les Hangeuls écrit sur le menu, les Coréens autour d’elle étaient tous très admiratifs et lui ont fait beaucoup de compliments.
Dans un tel environnement, on a déjà beaucoup moins de pression.
De plus, les langues asiatiques sont tellement éloignées en termes famille de langues, de phonétique et de grammaire par rapport aux langues Européennes, que les Asiatiques ont bien conscience que c’est un défi en soi.
Ainsi ils admirent l’effort que vos faites et la ténacité dont vous faites preuve.
Tout ceci est très motivant et permet d’encore mieux s’accrocher. Car effectivement parler couramment une langue asiatique quand on est occidental, c’est une chose qui n’est pas simple, qui est rare et qui demande une vraie compétence. C’est un fait ! Autant en être fier !
Étape 1. Comprendre le mécanisme de la peur
Peu importe qu’ils se considèrent eux-mêmes courageux ou pas, beaucoup de gens sont paralysé tellement ils ont peur.
Cette peur a deux origines :
-la première peur c’est le regard de l’autre.
Qu’est-ce que vont penser les autres de vous ? Quelle réputation ils vont vous donner.
-La deuxième peur c’est la peur de ne pas savoir à l’avance.
Vous ne savez pas ce qui va se passer car vous ne pouvez pas voir dans le futur. Cette peur se nomme “Incertitude”.
Ces réactions, la science l’expliquent très bien.
Dans le cas du regard des autres, l’humain est un animal social qui pendant des millénaires vivait dans des communautés de quelques dizaines d’individus.
Pour pouvoir se reproduire et passer ses gènes à la future génération, l’humain avait besoin du groupe. Perdre la face, et donc de la valeur, aux yeux des autres, pouvait compromettre ses chances de trouver un/une partenaire.
Comme le groupe était forme de peu d’individus, tout était su de tout le monde.
Ainsi les chances de trouver d’autre partenaires etaient très restreintes et assurer une descendance avec.
La peur de se dévaloriser aux yeux des autres était donc liée à des enjeux plus importants.
Pour l’incertitude, il faut comprendre que notre cerveau a pour mission de nous garder en vie. Ces mécanismes de survie sont enfouis dans la partie la plus primitive de notre tête qu’on appelle ‘‘cerveau reptilien « .
Même si les habitudes et les réactions que vous adoptez aujourd’hui ne vous rendent pas heureux, mais tant que vous êtes en vie, le cerveau reptilien a fait son boulot et c’est tout ce qu’il lui importe.
Si on fait un changement dans notre vie, si on fait quelque chose d’inhabituel alors le cerveau commence à être beaucoup plus alerte. Car peut-être que cette nouveauté va créer une situation périlleuse et causer notre mort.
Ainsi le cerveau tentera de résister à toute nouvelle attitude.
Pour ceci il dispose d’outils chimiques, les hormones, pour nous donner un sentiment de peur.
Ces peurs ont un tel pouvoir, qu’entre rester dans une situation qui nous rend malheureux mais dont on connaît déjà plus ou moins le résultat et faire quelque chose dont on ne connaît rien à l’avance, la plupart des gens préféreront rester dans leurs frustrations que d’avoir à faire face à l’incertitude. Et des choses aussi simple et naturel comme prendre la parole dans une autre langue, devient tout à coup un défi intimidant.
Étape 2 Faire un état des lieux
Maintenant que vous connaissez le mécanisme de la peur et ses origines, vous devez faire un état des lieux.
Identifiez votre peur !
Est-ce que vous appréhendez un évènement ou réaction futur ?
Est-ce que vous anticipez le fait que quelque chose se passe mal, qu’on se moque de vous ou que vous fassiez mauvaise impression ?
Ou alors
Personne ne comprend rien à ce que vous dites et il y a vraiment un problème.
Dans 90% des cas, c’est un blocage mental.
Pour le blocage et prise de décision, il y a un exercice très simple que vous pouvez faire dès maintenant :
‘‘L’analyse stoïque’’
Prenez une feuille et un stylo et suivez les indications :
a) écrivez chaque raison qui vous angoisse. De quoi avez-vous peur exactement ?
Rentrer dans les détails et écrivez vos angoisses les plus personnelles ou les plus farfelus. De toute façon la feuille de papier reste la vôtre et vous pouvez la faire disparaître après avoir fait ce test.
Donc écrivez vraiment toutes les raisons, même le plus improbable.
(J’ai peur que même le chien couché là-bas, s’il entend mon accent ridicule, qu’il essaie de me mordre, etc.)
b) Réfléchissez à des parades et écrivez-les.
Quel pourrait être pour vous le moyen de réparer ou d’atténuer la situation si ce que vous redouter tant venez vraiment à arriver.
Peut-être que c’est plus facile que vous le pensez.
c) Les scénarios les plus probables
Maintenant que vous avez défini vos peurs et que vous avez un moyen de gérer la situation.
Quels sont les scénarios qui ont le plus de chance de se produire ?
Indiquer sur votre feuille les chances pour chaque situation (certainement, peut-être, peu probable, impossible, etc.)
d) Quels sont les avantages et les bénéfices que vous allez retirer si vous essayez de parler un minimum.
Vous allez améliorer votre langue, obtenir des informations qui vous intéressent, faire de nouvelle relation, prouver que vous pouvez le faire et gagner en confiance et estime de soi…
e) Qu’est-ce que vous perdez si vous ne parlez pas ?
À quoi allez-vous devoir renoncer si vous ne passez pas à l’action ?
Quelqu’un d’autre saisira votre opportunité devant ou derrière vous et est-ce que c’est ce que vous souhaitez ou pas ?
Une fois que vous avez bien pesé le pour et le contre et que maintenant votre réflexion est menée par un état réfléchi et basé sur de la logique, passez à l’action!
Technique mentale
Généralement quand vous êtes dans un état de stress, votre respiration devient superficielle, votre rythme cardiaque s’accélère. À ce moment-là le sang irrigue moins la partie de votre cerveau qu’on appelle le cortex près frontal.
Ce qui résulte de cet état c’est que votre fonction cognitive commence à diminuer et par conséquent lorsque vous effectuez une tâche, vous l’exécuter encore mien bien qu’à l’habitude.
Donc le but ici c’est de pouvoir revenir à un état plus calme de manière à ce que votre sang recommence à irriguer votre cerveau correctement et que vous repreniez le contrôle de vous-même et puissiez réfléchir de manière optimum.
Personnellement ce qui m’a beaucoup aidé quand je savais un peu à l’avance que j’allais avoir à m’exprimer, c’est la méditation.
Je sais que ça peut paraître curieux, mais toutes options qui peut aider à apprendre efficacement est à prendre en compte.
Savoir méditer me permet d’être plus focus lors des échanges et de réduire toute forme d’anxiété.
J’ai remarqué que j’arrive à mieux comprendre mes interlocuteurs et je suis moins affecte par la situation quand j’ai la possibilité de méditer régulièrement.
Utiliser à notre avantage la physiologie
Il n’est plus à prouver que le mental affecte le corps.
Bon nombre d’expérience, même le plus simple, montrent à quel point juste penser à quelque chose provoquent des réactions dans notre corps.
L’exemple le plus simple est quand vous êtes devant un film à sensation. Dans les situations d’action vos muscles se tendent et vous pouvez même sursauter de peur sur votre siège.
Alors que nous savons tous que c’est un simple film avec des acteurs, que le sang et la situation, tout est faux ! Pourtant on ne peut pas s’empêcher d’avoir des réactions.
La bonne nouvelle c’est que l’inverse est vrai aussi. Votre corps peut influer sur votre mental.
Ainsi une technique qui a fait ses preuves c’est de savoir respirer avec son diaphragme.
La plupart du temps, les gens respirent en faisant monter leur poitrine.
À chaque inspiration et expiration on voit le torse monter et descendre.
Alors que quand on respire avec le diaphragme, on respire en faisant gonfler son abdomen.
Quand on respire avec la poitrine, on ne peut pas avoir une respiration aussi profonde qu’avec le ventre.
Mais il y a aussi une autre raison, c’est que cela active notre système parasympathique !
Ce système est l’opposé du système adrénergique qui déclenche une réaction de défense, fuite ou de paralysie en face d’une situation.
Tandis que le système parasympathique est à l’opposé, basé sur une physiologie de repos et de digestion.
Ainsi en respirant avec votre diaphragme, en vous calmant consciemment, c’est-à-dire en abaissant votre rythme cardiaque et ayant plus d’oxygène à disposition, votre tête peut alors recouvrir une circulation sanguine qui va desservir les régions de votre cerveau qui sont les plus utiles.
Là aussi, être dans un état de calme me permet de me suivre la conversation et d’analyser sereinement les options que je peux utiliser lorsque je m’exprime.
Sans compter que je n’ai plus aucune angoisse lorsque je parle. Du coup, je développe plus d’intérêt pour le fond de l’échange et généralement je réussis encore mieux.
Ajuster son discours
L’enthousiasme et le désir de vouloir parler couramment comme dans sa langue maternelle vont faire qu’on va utiliser un débit de parole souvent trop rapide.
En chinois c’est généralement à ce moment qu’on commence à zapper des tons et que les autres ne vont pas vous comprendre.
Certaines personnes parlent plus vite que d’autres mais d’une manière générale, le débit des personnes dans la langue française est relativement rapide.
Personnellement j’ai remarqué que les Français donnent beaucoup de détails, de descriptions et extrapolent légèrement dans leurs discours.
Alors que dans d’autres cultures, les gens se concentrent plus sur le sujet principal et donnent seulement les caractéristiques fondamentales.
En prenant exemple sur ce phénomène, vous pouvez parler plus doucement, ce qui vous laissera le temps de mieux articuler et d’avoir le temps de prononcer vos tons chinois ou faire vos liaisons et conjugaisons en coréen.
De même, restez focus sur le fond du sujet et utilisez le vocabulaire relatif à celui-ci.
Votre communication sera plus efficace et vous serez moins perturbée par vous souvenir d’un vocabulaire trop large que vous ne maîtrisez pas encore.
La méthode des petits pas
Être réaliste et pragmatique.
Si vous venez de prendre 5 cours de chinois, coréen ou tout autre langue, il est clair que vous n’avez pas encore les compétences pour devenir interprète en simultané pour le G8.
Donc donnez-vous des objectifs en rapport avec votre niveau, cela évitera de se sentir mal à l’aise.
Quand la barre est beaucoup trop haute, la pression bloque les gens.
En conséquence, si vos compétences sont en accord avec vos taches, même si vous êtes un peu intimide, au moins vous savez que c’est faisable et que vous en avez la capacité.
Soyons honnête, vous pouvez parler la langue aussi bien que vous le voulez, en tant que non natif, vous ferez toujours un minimum d’erreurs.
Il faut être conscient de ça.
Le point fondamental c’est de comprendre que tant que vous êtes capables de communiquer, de passer une information et que l’autre répond, alors c’est réussi !
L’important est juste de ne pas saboter ce que vous pouvez faire. Dans ces conditions il suffit de faire un pas après l’autre.
Diriger son attention.
Le meilleur moyen d’être concentré sur une conversation c’est d’essayer d’avoir un sujet qui nous plaît ou au moins qui a une relation avec nous.
Dans ce cas-là, on aura quelque chose à dire ou au moins on aura envie de partager un au minimum.
Et le plus amusant c’est qu’à ce moment-là, c’est le contraire qui va se passer.
On ne pourra peut-être pas s’empêcher de dire quelque chose !
Rentrer dans le bain un orteil après l’autre.
Si vous êtes au niveau débutant, vous pouvez commencer même avec un simple mot, comme “oui-non“ déjà pour montrer que vous comprenez suffisamment pour suivre ce qu’on vous dit.
Si vous parlez comme Tarzan, au niveau débutant, c’est complètement normal (et sexy 🙂 .
L’important n’est pas de faire une phrase parfaite, l’important c’est de communiquer, de transmettre un message !
Si quelqu’un dit :
“moi, aimer chocolat beaucoup“
Même si ce n’est pas la grammaire la plus fine, cependant on comprend très bien ce que cette personne a voulu exprimer.
Et au final, cette personne aura au moins utilisé des mots comme chocolat, le verbe aimer, etc. et les aura mieux ancré dans sa mémoire à long terme.
Peu importe votre niveau mais commencez d’abord avec des phrases simples et courtes.
Puis, petit à petit vous pouvez à dire des phrases plus longues.
Étape par étapes vous gagnerez de plus en confiance et au final vous y arriver.
Un moyen qui permet de tenir un minimum une conversation est d’avoir du matériel tout prêt. C’est-à-dire que vous avez des phrases que vous connaissez par cœur de manière à lancer ou relancer une conversation.
Cela peut être juste quelques mots, des phrases ou même carrément un script.
Une fois la conversation bien lancer, vous pouvez improviser de plus en plus.
Avant de parler a des inconnus, vous pouvez vous préparer a la situation avec votre partenaire de langue. En effet un échange linguistique est un moyen d’y aller en douceur et de prendre confiance en vous. Votre partenaire vous corrigera et vous permettra de vivre la situation avant de vous lancer dans le grand bain. De cette manière pas de surprise et parler devant une personne ou cinq personnes, il n’y pas plus de grande différence.
Si vous avez bien suivi les conseils de cet article, vous aurez plus de succès dans vos tentatives et petit à petit la langue asiatique que vous êtes en train d’apprendre fera partie de vous. Et n’aura plus aucune peur de vous exprimer.
Rappelez-vous : « L’appétit vient en mangeant ! » Si vous avez d’autres techniques qui vous permettent de vaincre votre peur de parler, n’hésitez pas à la partager dans les commentaires, cela peut aider d’autres personnes et comme vous le savez, la roue tourne, et vous serez aidé en retour. Bon succès sur le chemin des langues asiatiques !