La plus grande difficulté pour les Occidentaux qui apprennent le chinois, dans 99 % des cas, c’est l’apprentissage et la maitrise des tons.
En effet pour les Occidentaux la difficulté vient du fait que nous n’avons pas l’habitude qu’une intonation différente puisse changer le sens d’une syllabe.
Et particulièrement pour les francophones.
Car contrairement aux Anglais qui possèdent au moins un accent (l’accent tonique), les francophones ne font pas de distinction claire dans leurs intonations.
L’avantage d’avoir minimum un accent dans sa langue, permet d’avoir un élément de comparaison pour pouvoir différencier et assimiler d’autres éléments.
Mais rassurez-vous, c’est loin d’être un problème. Cela veut juste dire qu’il faudra prêter un peu plus attention à cet élément dès le début de votre apprentissage du chinois, voilà tout.
En réalité, c’est même une bonne nouvelle !
Rendez-vous compte, vous allez apprendre quelque chose de nouveau qui va vous enrichir personnellement, mais aussi vous donner une compétence supplémentaire.
Le chinois est une langue tonale, puisqu’elle a 5 tons (4 + un ton neutre), mais ce n’est pas seul. Si vous apprenez d’autres langues qui utilisent des tons, vous serez déjà en position avantageuse.
Vous développerez une acuité auditive plus importante que la moyenne. Cela améliorera les autres langues que vous parlez déjà, mais aussi vous aurez l’oreille plus sensible à la musique.
Avec une bonne carte, on arrive toujours à destination donc avec une bonne méthodologie on arrive à tout, même à parler chinois J
Jetez un œil aux quelques conseils qui vont suivre et vous m’en direz des nouvelles !
Dans la suite de cet article nous commencerons avec des choses assez simples mais efficaces et par la suite on en viendra à des techniques plus avancées.
Bonne lecture !
1. Qu’est-ce qu’un bébé peut vous apprendre ?
Il faut être conscient d’une chose : dans tous les pays du monde, dans toutes les langues du monde, tous les enfants du monde ont une chose en commun :
-avant de réellement ‘parler’, le nouveau né passe pas une phase pré-linguistique.
N’importe quel pédiatre vous le dira ; à environ deux mois, un bébé commence à émettre des petits bruits avec sa bouche ou avec la gorge, puis ses vocalisations de diversifier : ce sont les gazouillis.
Ensuite peu à peu les explorations de bébé se font de plus en plus loin, on passe au babillage, puis les premières syllabes commencent à apparaitre jusqu’au jour où l’enfant est capable d’émettre des mots, puis des phrases et puis finalement arrive le jour ou il est capable de ‘‘parler « .
Donc la première chose qu’on peut comprendre c’est que ça ne s’est pas fait en un jour. Il a fallu du temps.
Cependant beaucoup pensent encore qu’après la première semaine de Chinois, s’ils n’arrivent pas à entendre les tons et les reproduire parfaitement, c’est que c’est impossible.
C’est un peu comme si une mère disait à son enfant, ‘’ça fait une semaine et tu ne parles toujours pas.
Laisse tombé tu n’y arriveras jamais, on passe à autre chose, on va essayer de faire du vélo maintenant ’’
Évidemment non, on laisse à bébé tout le temps qu’il a besoin et bébé écoute tout ce que dit maman. Observe tout ce que les parents font et entend tous les sons qui sont émis. Tout ceci jusqu’au jour où, à force d’entendre le même son, il est capable de le reconnaitre et essaie de le reproduire.
Alors pourquoi se mettre une pression énorme et penser qu’on doit savoir le faire dès la première semaine ?
Ce genre de stress ne va pas faire accélérer les choses, au contraire. (il y a des stress particuliers qui sont très positifs mais il faut savoir les distinguer, on en reparlera une autrefois).
Ainsi les premières choses à faire c’est l’écoute !
En effet une écoute régulière de la langue va permettre de façonner votre canal auditif et aussi de faire de nouveaux sillons dans votre cerveau. Les recherches en Neurosciences et en plasticité du cerveau on démontrés qu’une langue c’est un peu comme une route qui se creuse au milieu d’un champ. SI vous n’y passer qu’une fois, l’herbe est un peu aplatie mais le lendemain, personne ne peut voir que vous êtes passé par là.
Si par contre vous y passé plusieurs fois et régulièrement, très rapidement, l’herbe va être tassé, puis peu à peut laisser place à un chemin de terre. Une fois le chemin fait, maintenant vous pouvez y passer plus chargé, ou même avec un véhicule et le chemin va se transformer en route.
C’est la même chose qui se passe dans notre cerveau, la répétition de l’écoute d’un son, l’imprime et le rend plus clair.
Donc prenez l’habitude d’écouter du chinois au moins 20 min chaque jour, même si ne vous comprenez rien, ce n’est pas grave.
Mais pas n’importe quelle écoute. L’écoute du vrai langage, pas l’écoute d’un mot pris séparément tout le temps.
Le mieux pour ça c’est les podcasts ou la radio. Je préfère vraiment la radio car les présentateurs sont généralement choisis pour leur maitrise très standard du mandarin et la clarté de leur voix.
2.Ne vous fiez pas à vos yeux, imitez les sons
La première chose qu’on voit lors de notre premier cours de mandarin c’est généralement 2 tableaux, le ‘‘Bo Po Mo Fo » et le tableau des tons.
Le problème avec ça c’est que les élèves vont ‘‘lire » le langage cible mais en utilisant les sons de leur langue maternelle.
C’est à mon avis la cause majeure d’échec dans la prononciation d’une langue et particulièrement quand les familles de langues sont si éloigné, comme dans notre cas les langues latines et les langues asiatiques.
Par exemple, prenez le mot认识. qui avec le système de romanisation du Chinois appellé Pīnyīn, s’écrirait ‘‘Rènshì “. Si maintenant on prononce ce qu’on lit avec notre phonétique française, c’est-à-dire avec un R dit consonne fricative, alors que le « R » en système Pinyin se prononce comme le « J » français. De même, les deux lettres ‘‘EN’’ sen Chinois, sont prononcé comme le son ‘‘N » dans le mot anglais « Rock’N roll » . Alors que le son ‘‘EN’ du français se prononce comme dans le mot ‘’dent « . Donc essayez maintenant de prononcer mot ‘‘Rènshì « ‘ à la française = (R fricatif + EN de dent) Et comparer avec la prononciation à la chinoise = (J + N de rock’n roll)…
Ça n’a plus rien à voir !
C’est le même principe pour les tons.
Par exemple le troisième ton, d’après le dessin, c’est un trait qui monte et qui descend. Mais peut-être que vous l’entendez différemment et que si vous essayez de recréer seulement ce que vous entendez, vous serez peut-être plus proche de la réalité.
Les transcriptions pinyin sont un outil pour apprendre une langue, pas la réalité. Alors en copiant une tentative de transcription visuelle de quelque chose d’auditif, vous essayez de copier l’outil et pas la langue, pas la réalité.
Donc fiez-vous à ce que vous entendez et tentez d’imiter un son, pas de le lire.
3. Grouper les tons
Ceci est pour moi un élément clef.
Ce qui se passe souvent est que ceux qui apprennent le chinois s’entraine généralement à prononcer les tons séparément. Et comme toute chose, on est bon qu’a ce qu’on fait. Mais le problème de s’entrainer aux tons séparément c’est que d’abord on exagère trop ce ton, et c’est sortir le ton de son contexte.
En effet les chinois ne parlent pas qu’avec des mots d’une syllabe. Leurs mots sont composés de plusieurs caractères et donc de plusieurs syllabes.
De plus la prononciation des syllabes va légèrement changer quand il va falloir associer les syllabes entre elles.
Aussi il y a un rythme et des temps d’aspiration et de pause, tout ceci dans le but de rendre la tonalité de la phrase elle-même plus fluide.
Par conséquent, l’élève qui s’entraine à prononcer chaque syllabe de manière isolée, va avoir beaucoup de difficultés quand il faudra avoir un discours normal et enchainer les tons les uns après les autres.
Cela va demander un gros effort de réflexion pour remettre chaque ton pour chaque mot, et en plus ça va ralentir le discours. La phrase en deviendra si ennuyeuse que l’autre personne va décrocher, peut être même tourné les talons et s’en aller.
Ainsi un excellent moyen pour remédier à ça et améliorer sa prononciation des tons, c’est de prononcer les tons par pairs quand vous avez des mots chinois en 2 caractères, donc bi syllabiques, ce qui est souvent le cas.
Et par 3 ou trisyllabiques ou encore par 4 syllabes quand vous des Chengyu à 4 caractères par exemple.
Avec cette approche ‘‘ascendante » petit à petit vous allez discerner exactement comment se prononce vraiment tel ou tel ton. Ensuite vous montez en gamme, vous vous entrainerez avec des phrases courtes, en faisant cette fois attention aux tons mais aussi à comment sonne l’ensemble de la phrase et ainsi de suite. Et l’exercice aidant, vous serez beaucoup plus à l’aise à l’oral. Votre reconnaissance des tons et votre capacité à les produire seront décuplées.
4. Petites dictées
C’est un excellent exercice pour tester votre reconnaissance des tons.
Le mieux c’est évidemment si vous avez des amis chinois et vous leur demandez de vous dicter quelques mots ou quelques phrases, et de revoir avec eux les mots ou vous avez fait des erreurs.
Au bout de quelques fois seulement, je vous garantis que votre acuité auditive va devenir plus fine.
Si vous n’avez personne qui peut vous aider pour le moment, vous pouvez très facilement trouver une vidéo ou un podcast avec une transcription ou des sous-titres sur internet. Ensuite prenez un petit passage que vous écoutez et que vous écrivez sur une feuille, ensuite vous comparez avec les sous-titres et voyez si vous êtes justes avec les tons.
C’est un exercice traditionnel, mais il rend de très bon service.
5. La technique de l’hombre
C’est une technique que les linguistes utilisent depuis très longtemps. Avec les moyens d’aujourd’hui on peut la rendre encore plus efficace.
Dans sa version de base, Il s’agit d’écouter une phrase entière et de la répéter tout de suite en essayant de reproduire la vitesse, l’intonation et le rythme de la phrase.
Au niveau suivant, on peut utiliser une application ou installer un logiciel d’enregistrement sonore comme Audacity ou Camatasia et s’enregistrer pendant qu’on répète la phrase. Et on se compare tout de suite avec la phrase de l’enregistrement qu’on écoute.
Au début personne n’aime écouter sa propre voix. Mais c’est un petit cap à passer. L’important c’est de le savoir. Cependant c ;est vraiment efficace.
Et si vous vous prêtez au jeu en essayant différent son, différentes intonations, différent rythme, différent placement de langue ou de forme de bouche, vous allez arriver petit à petit instinctivement à savoir comment recréer les sons et tons que vous entendez et les retiendrez plus facilement.
Ça marche très bien pour les tons en Chinois et en Coréen, mais aussi pour certains sons comme la jota en espagnol et certaine liaison s de mots en anglais.
Pour le niveau suivant, il va falloir y ajouter des mouvements. Écouter et répéter en marchant pendant que vous vous balader au parc ou dans votre jardin.
En effet le fait d’être en mouvement met en plus de zones de votre cortex en activité, mais aussi il y a une oxygénation du cerveau plus importante. Tout ceci en résulte que les mots et leurs façons d’être prononcés, s’imprègnent mieux dans votre tête.
D’ailleurs quand j’étais à l’université de Xi An, beaucoup d’élèves utilisaient cette technique. Le plus fort c’est que même en hiver, je voyais des étudiantes avec leur gros bonnet qui sortaient le soir dans le campus et qui répétaient à haute voix leur cours. Je me rappelle même qu’une d’entre elles m’avait dit que de faire ça après dîner lui permettait de revoir ses cours et de mieux digérer. Quelle discipline !
6. Adorez faire des erreurs
Vous êtes là pour explorer la langue et tous ces sons. Et vous n’êtes pas un natif, vous êtes un étranger et sans doute un débutant. Donc vous avez toutes les raisons pour ne pas parler correctement.
Alors faites vous plaisirs, écorcher, bafouiller, bredouiller, faite tous les bruits et sons que vous voulez avec votre bouche et votre gorge. (Cependant quand vous êtes en phase de recherche du son comme ça, évitez le métro aux heures de pointe, les gens vont vous prendre pour un fou, faite le chez vous 🙂
Rappelez-vous le bébé qui gazouille, vous avez les mêmes droits, vous êtes d’ailleurs en recherche linguistique et essaie expérimental dans une langue étrangère (pour bien rationaliser la chose:)
Vous avez l’autorisation de faire des bruits bizarres avec votre bouche car que vous le vouliez ou non, ce sont des exercices qui vous permettent de vous améliorer. Et ce n’est pas propre aux gens qui apprennent les langues seulement, c’est aussi le cas de tous les gens qui travaillent avec des sons.
Les présentateurs TV ou les gens qui font du théâtre sont parfois obligé à faire des exercices.
Par exemple, avez-vous entendu parler de l’exercice du crayon entre les dents?
Il s’agit de répéter des phrases avec un crayon entre les dents pour ensuite mieux articuler quand on parle. Les chanteurs qui font des exercices de gamme et d’échauffement de corde vocale. Quand on entend la première fois, ça peut paraître ridicule, mais c’est vraiment très important pour les professionnelles. Alors pourquoi pas vous ?